Un tour au fond des fjords
– EXTRAIT –
Depuis fin mai, je suis guide-accompagnateur. J’ai rechuté. Rechuté dans le monde des visites guidées et des pauses japonaises : « Oh, superbe ce point de vue ! Surtout aujourd’hui, avec cette lumière. On prend deux minutes pour la photo et c’est reparti ! ». Je me suis arrêté là à chaque circuit. Un œil sur le Nordfjord et l’autre sur le téléphone portable. « C’est bon, on est dans les temps pour le resto ». Le chauffeur confirme, le circuit avance comme sur des roulettes (…)
Les routes bosselées du pays le plus riche du monde chahutent aussi nos cinquante passagers français. Tout le monde est persuadé que je connais le pays comme ma poche, que je parle le norvégien couramment et que ma famille travaille dans une ferme à saumon ou sur une plate-forme pétrolière. Bon, là j’en rajoute un peu mais il suffit de laisser courir la rumeur, faire semblant de ne pas entendre, pour ne pas avoir à démentir. (…)
Ils connaîtront de la Norvège les attractions égrenées le long des « routes touristiques nationales ». Les magasins de souvenirs, les cascades et les toilettes des cafétérias. Je connais de la Norvège le numéro des routes, les pourcentages de réduction pour les guides et les temps de parcours jusqu’aux prochaines toilettes des cafétérias. Nous voyons la Norvège depuis la route, mais après la route ? Le vide. L’immensité des espaces ne se devine pas derrière les vitres du car.
Retrouvez la suite du carnet de voyage de Jonathan Perret en Norvège dans Numéro 21.
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