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Carnet de voyage - Australie

Un road movie à fond la caisse

Sébastien et Zoé Hivert-Mallet ont commencé leur road trip en montant le son de la bande originale de Mad Max à travers le désert australien. Et ils l’ont poursuivi en se faisant des films d’horreur dans les bleds déshérités du bush.

EXTRAIT :

L’asphalte brûlant défile à toute allure sous nos roues. Un soleil de plomb fait chauffer toute la carlingue du vé­hicule, m’obligeant à garder un oeil attentif sur la température du moteur. Cela fait quatre heures que nous roulons, non-stop, à travers le désert de sable rouge. Seuls les goannas, les geckos et les chèvres sont suffisamment cinglés pour être dehors à cette heure. Il fait quarante-cinq degrés et le taux d’humidité dans l’air doit être inférieur à cinq pour cent. La sueur qui s’écoule de nous en continu sèche en direct, nos corps se déshy­dratent à vive allure, nous forçant à consommer six litres d’eau en un après-midi.

Si les choses devaient être parfaites, nous se­rions au volant d’une Dodge challenger de 1970 avec un V8 Hemi 426, option la plus puissante du modèle de cette année, à boite manuelle. Si les choses étaient comme dans un film, Zoé et moi serions un couple de bandits venant de dé­valiser une banque, le coffre plein de petits sacs en toile avec un symbole dollar imprimé dessus, fuyant vers le désert. Peut-être pourchassés par quelques flics hargneux au volant d’une Ford Falcon XB coupé et s’ensuivrait une scène de duel dantesque dans ce paysage infernal.

Nous utiliserions chacun la moindre ressource de nos puissantes machines mécaniques, mais à la fin ce seraient nos capacités pures de pilote qui nous différencieraient. Je ferais un demi-tour virulent au frein à main sur la route alors qu’il aurait avancé le nez de son véhicule au plus proche de mon aile arrière droite. Ma Challenger partirait en tourbillon sur l’axe de ses roues avant – eh oui, la Challenger est pourvue d’un moteur à propulsion – et nous virevolterions autour d’eux avant de repartir dans l’autre sens.

Zoé leur fe­rait un petit coucou et un sourire espiègle par la fenêtre. Aaahh ! Pardonnez-moi cette longue rê­verie mais voyez-vous, quand on conduit plus de quatre mille kilomètres en trois semaines au vo­lant d’un pauvre Toyota Tarago – boîte automa­tique – se traînant péniblement comme un veau à 80 kilomètres/h, on laisse son esprit divaguer un peu.

L’Australie a toujours été pour moi le synonyme de road movie. Vanishing Point de 1970, Mad Max ou encore Gone in 60 Seconds – l’origi­nal, pas la daube avec Nicolas Cage – tous ces films tournés dans les paysages désolés austra­liens ont eu un profond impact sur ma jeunesse et mon amour de certaines mécaniques

Le carnet de voyage à découvrir dans Numéro 42

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