Une visite en voisin
– EXTRAIT –
La Gambie est aussi rouillée qu’elle est aride, surtout si l’on s’enfonce dans ses terres. Cette terre est de la couleur de la rouille tout comme les protections de fortune et les toits des maisons. La corrosion et la végétation ont envahi les lieux. Notre balade nous mène sur les rives du fleuve où ne subsistent plus qu’une usine de traitement des arachides et de nombreux comptoirs à l’abandon. Une seule belle demeure semble avoir été épargnée, et témoigne d’une splendeur définitivement passée. Les péniches qui assuraient jadis le transport des marchandises finissent tranquillement leur vie à quai, dans un délabrement total.
Le fleuve abrite un peu plus loin des crocodiles et ses berges des animaux sauvages. Nos hôtes ici, sont les vervets, ces curieux petits primates, qui nous singent et d’énormes lézards qui nous regardent du coin de l’œil. Du Sine Saloum jusqu’aux confins de la Gambie, c’est le paradis des ornithologues, avec des hérons de Goliath, des hérons de récif, des choucadors et des gonoleks de Barbarie au ventre rouge, des kalaos, des turquoises Rolliers d’Abyssinie…
Ma tête va exploser, j’ai la gorge sèche, et je grince des dents ! L’étouffante chaleur nous accable et nous oblige à respirer par la bouche, et du coup à avaler un peu de ce sable trop fin qui a depuis longtemps recouvert les rues jadis goudronnées. Si tu n’aimes pas la chaleur, les lieux où il n’y a rien à voir de pittoresque, les cacahuètes, ne viens pas en Gambie ! Je suis fatiguée.
Ma tête va exploser, j’ai la gorge sèche, et je grince des dents ! La plante des pieds en feu et des tongs qui demandent grâce. L’étouffante chaleur nous accable et nous oblige à respirer par la bouche, et du coup à avaler un peu de ce sable trop fin qui a depuis longtemps recouvert les rues jadis goudronnées. Cela me laisse le temps de faire le point : si tu n’aimes pas la chaleur, les lieux où il n’y a rien à voir de pittoresque, les cacahuètes, ne viens pas en Gambie ! Je suis fatiguée.
Par contre si on aime les rencontres… Je m’assois à l’ombre près d’un vieil homme qui me parle avec amour de sa ville. C’est calme et doux. Nous finissons notre petite virée dans le « resto » du coin. Mustapha attend patiemment que je lui offre une cigarette. Il nous couvre de toutes les attentions. Il se prend pour notre papa et appelle Dan le « gosse », car il le fait beaucoup rire et lui fait penser à son fils Sami. Nous parlons de tout et de rien.
À Janjanbureh, il n’y a rien… Enfin trois fois rien… Et c’est déjà beaucoup.
Carnet de voyage de Sonia Privat à découvrir dans Bouts du monde 51
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