La quête
– EXTRAIT –
La lumière naturelle que je recherche dans mes photographies m’amène à explorer les Alpes du Sud, plus particulièrement le Mercantour dont je suis originaire. En dehors des sentiers battus, je me retrouve très vite dans un voyage intérieur en quête de liberté. L’hiver est la saison idéale pour pister les animaux. La neige permet de lire une multitude d’indices indispensables à la compréhension d’un milieu. Revenu d’Italie par le Mercantour, le loup sauvage a repris sa place dans les Alpes depuis une trentaine d’années. Ce prédateur, longtemps persécuté, est pourtant nécessaire à l’équilibre naturel. Par sa présence, il limite les populations d’ongulés sauvages.Chamois, cerfs et mouflons se déplacent davantage, ce qui permet la régénération des végétaux.
Les températures sont froides, un temps parfait pour provoquer la solitude dans ces montagnes où le temps est révolu. Le pin sous lequel j’ai posé mon camp m’accorde un abri de fortune. Les premiers jours sont difficiles mais dormir ici me permet d’observer et de comprendre la nature. Le camp est limité par un tapis de sol bien gonflé, un duvet chaud, un sac de provisions pour quelques jours et mon matériel photographique. J’ai aussi mon carnet dans lequel je note jour après jour ce qu’il se passe autour de moi. Le matériel très encombrant rend difficile les déplacements. Parfois, je m’imagine écrivain en pensant que la tâche serait plus simple : une feuille blanche, un crayon et le sac serait léger. Le clair de lune des longues nuits d’hiver perturbe le sommeil. Les branches qui fredonnent avec la brise me laissent imaginer la meute de loups passant près du camp.
Carnet de voyage de Lionel Prado à découvrir dans Numéro 38
Chaque trimestre, recevez dans votre boîte aux lettres de nouveaux carnets de voyages, dans le dernier numéro de la revue Bouts du Monde