Wakhan : vieux empires en travaux
Le Ichkachim tadjik borde le fleuve Pyanj et donc la frontière afghane, mais il a également un frère jumeau sur l’autre rive du fleuve, le Ichkachim afghan. Et chaque samedi, sur une île au milieu du Pyanj se tient le marché.
Notre ami géographe nous expliquerait sans doute que ce marché n’est ni au Tadjikistan, ni en Afghanistan, mais entre les deux, dans une sorte de no man’s land international entre les deux frontières, mais ici, tout le monde l’appelle l’afganskiy bazar (le marché afghan), et pour cause, la majorité des marchands y sont Afghans.
Au poste-frontière, mon passeport trouve sa place dans la poche d’un douanier tadjik. Bien que les options de fuite semblent pour le moins limitées, à moins d’une plongée dans les eaux glacées et tumultueuses du Pyanj, il tient manifestement à s’assurer que je repasserai bien par sa poche pour y repêcher mon précieux sésame à mon retour du marché.
Quelques mètres pour traverser le pont qui enjambe le fleuve et m’y voilà. Quel contraste avec les marchés tadjiks ! Que ce soit à Douchanbé ou à Khorog, les marchands n’y sont pas très actifs. Ils et elles attendent le chaland assis derrière leurs étals.
Mais les quelques mètres parcourus en franchissant ce pont m’ont amené dans un autre monde. Non contents d’avoir fière allure, la tête recouverte d’un pakol ou d’un turban, les marchands afghans ont la gouaille et le sourire.
© Carnet de voyage de Laurent Claudel à lire dans Numéro 23
Chaque trimestre, recevez dans votre boîte aux lettres de nouveaux carnets de voyages, dans le dernier numéro de la revue Bouts du Monde