Description
L’Asie centrale est une terre à part au cœur des arts et des progrès. Une terre qui nourrit toute notre histoire, qui fascine les voyageurs. C’est malheureusement une terre inconnue dans l’esprit d’un ministre de l’Intérieur persuadé avec sa clique de figurer en tête du hit-parade des civilisations. Ainsi, tenta de nous dire le ministre au cœur de l’hiver, l’islam serait la religion de civilisations inférieures.
Comment donc mesurer les mérites d’une civilisation ? Décerner les bons points à la lumière des valeurs universelles de 2012 s’avère délicat puisque les civilisations sont un héritage qui englobe les siècles. Les livres d’histoire inciteraient plutôt l’Occident à effectuer un sérieux examen de conscience. Pour constater que les terroristes chrétiens ont devancé leurs homologues musulmans de quelques siècles. Ou bien que l’Asie centrale n’a pas attendu la Renaissance pour développer la médecine, l’astronomie, la poésie, l’architecture.
Des historiens avancent l’idée que l’Europe s’est développée à la faveur de sa situation géographique privilégiée car elle était hors de portée des hordes mongoles. Et que l’Asie centrale est aujourd’hui quasi désertique et exsangue, non pas à cause du climat, mais parce que les armées de Tamerlan ou Gengis Khan venaient régulièrement meurtrir la terre. C’est sur ces terres d’Asie centrale que se sont affrontés, au fil des siècles, de nombreux empires du monde, des Perses aux Grecs, en passant par les Soviétiques ou les Britanniques. On s’est battu, tout au long de l’histoire, pour contrôler les routes, les intellectuels, les arts, les sous-sols. C’est là-bas, dans les montagnes de l’Altaï, que sont nés de nombreux peuples indo-européens, turco-mongols. Et c’est bien encore là, un peu plus au sud, qu’habitent les Kalash, ces descendants blancs de l’armée d’Alexandre le Grand. Cachés dans trois vallées perdues de l’Hindu Kush au Pakistan, ils ne seraient plus que quatre à six mille, derniers descendants d’une grande civilisation.
David Alazraki, voyageur infatigable dans l’Himalaya que nous accueillons avec un immense plaisir dans le 10e numéro de Bouts du monde, les a rencontrés sans se demander si leur civilisation en valait une autre. Nous vous proposons aussi de découvrir le passionnant récit de Thomas Desbrières, archéologue romantique parti à la recherche de la cité perdue du Kalahari. Sans penser un instant – comme cela a été dit par un président français à Dakar – que l’Afrique n’avait pas encore pris sa place dans l’Histoire.
William Mauxion