Description
Et vous, vous écoutez quoi quand vous traversez les steppes d’Asie centrale ? Et quand vous vous endormez au pied du Nanga Parbat ? Ou bien quand vous grimpez un col de la cordillère des Andes, coincé dans un bus bondé qui joue encore une fois avec la route de la mort ? Et cette musique qui, cet été-là, passait en boucle dans tous les taxis de Salvador de Bahia, c’était quoi déjà ? On s’était pourtant dit qu’il faudrait qu’on ramène le CD avant de rentrer, histoire de se recréer des ambiances de pampa en plein milieu de l’hiver…
Ce jour-là, j’écoutais Noir Désir qui promettait de m’emmener au vent. La chanson disait « Je n’ai pas peur de la route ». Ce n’était pas vrai, j’avais peur de la route. Mais peu importe, je trouvais que les musiques que l’on aime quand on traverse les paysages dont on rêve, ça avait quand même de la gueule. Un souvenir pas possible à raconter, mais qui nous revient avec une incroyable précision quand les notes résonnent à nouveau dans son salon ou un café bien de chez nous.
C’est inattendu mais le Twenty-Two bar de Dominique A me transporte sur les routes du Pakistan ; les Ogres de Barback m’envoient illico sur le plateau du Pamir, la faute d’un compagnon de marche qui chantait une reprise de Pierre Perret comme si de rien n’était sur des sentiers plutôt hauts et pentus.
Bouts du monde n°14 ne s’intéresse pas aux musiques du monde, mais au monde en musique. A l’image de Bertrand Boulbar, qui a mis une guitare dans le coffre de sa voiture pour traverser les Etats-Unis. Il s’était dit que Nashville et la traversée du Middle West seraient une source d’inspiration unique pour écrire et composer un album. On ne sait pas vraiment, par contre, à quoi ont pensé Lou Nils et Christophe Calvet qui ont entrepris un tour de l’Europe à bicyclette en traînant un piano dans une remorque. Comme disent la musicienne et le mécano, l’embarcation s’avérait irrésistiblement comique. Mais le jeu en valait la chandelle : pendant 19 mois, 300 concerts improvisés dans les champs, dans les rues ou à l’ombre des cerisiers en fleurs.
William Mauxion