Description
Qu’allions nous donc faire de ces trente pages de carnet de voyage sur le Japon alors que la fin du monde s’y préparait ? Nous avions rencontré Karen pendant l’automne, à l’heure où les sakuras de Tokyo perdaient leurs feuilles. Sa balade dans la mythologie japonaise ne ressemblait pas vraiment à une promenade de santé mais était réjouissante à bien des égards. Quant à l’œil sensible de Julie, nous l’avions découvert loin de là-bas, dans les rues d’Amsterdam où elle n’avait pas mis longtemps à nous convaincre du supplément d’âme des photos polaroïds. C’est comme ça, tout simplement, que nous est venue l’idée de croiser ces regards singuliers sur le Japon, fantasme de voyageurs en quête de dépaysement extrême.
Et puis au fur et à mesure que l’on découvrait l’ampleur de la catastrophe, une question, en creux, a surgi : pouvions nous continuer à évoquer les cerisiers en fleurs comme si de rien n’était ? Apparemment, notre désir de confier aux voyageurs la mission de prendre le pouls de la planète en prenait un coup dans l’aile, confronté à une dramatique actualité à juste titre avide de faits, de chiffres, d’analyses. Que restait-il des histoires de Karen et Julie au milieu d’un tel chaos ? Des anecdotes, du superflu et un peu de poésie qui ne rime pas avec Fukushima. Mais aussi des chemins de traverse qu’il ne faut pas reléguer au second plan trop longtemps parce que l’état inquiétant du monde nous le dicterait.
William Mauxion