Description
Le génie de la bicyclette
Inventer l’automobile, une fois que la roue et le moteur furent mis au point, a semblé couler de source. Mais inventer la bicyclette, alors là, ce fut autre chose ! Il a fallu se lancer, la présence de deux roues n’étant la garantie de rien du tout.
Chaque jour, j’enfourche ma bicyclette pour me rendre au travail, devisant sur l’équilibre. Trois kilomètres à peine perturbés pas un léger faux plat qui présente peu de difficulté. Parfois, je me dis qu’au bout du boulevard, s’il me venait à l’idée de continuer tout droit au lieu de tourner, j’irais vers l’est tout simplement… Oh bien sûr, pour voyager loin, il faudrait accrocher quelques sacoches et alourdir la monture, mais une chose semble certaine et partagée par tous les voyageurs à vélo : l’aventure est à portée de chemin.
Pour beaucoup de voyageurs à deux roues, elle a peut-être commencé comme ça : assis autour d’une table, ils ont déplié une carte et regardé de plus près où les routes pouvaient les mener. Sophie Planque n’a pas lésiné sur ses rêves, en parcourant du doigt le fin tracé qui parcourait l’Amérique de l’Alaska jusqu’à la Terre de Feu. Et puis elle s’est mise en route avec son compagnon Jérémie.
Le premier coup de pédale est compliqué. Grand plateau, petit pignon. Tous ont maudit le vent de face et le mal aux fesses, les jambes dures et les coups de fringale ; pour autant, à la petite reine ils ne trouvent que des vertus.
Le vélo est un bel outil pour devenir un aventurier. C’est aussi un pied de nez à l’époque. Vincent Berthelot a trouvé une occupation romantique pour sa retraite : acheminer des « missives importantes mais pas urgentes » à l’autre bout du pays, en utilisant un moyen technique moins rapide que La Poste mais plus pratique qu’un pigeon voyageur : le vélo couché.
C’est vers les dunes du Sahara que Yannick Billard a mené sa femme et ses trois enfants. Une odyssée familiale à vélo pour aller rencontrer Le Petit Prince, qui avait fait un signe au papa à travers le hublot d’un avion alors qu’il survolait le désert.
Jérémie Bonamant ne savait pas trop ce qu’il l’attendait lorsqu’il s’est élancé sur les pistes qui serpentent dans le delta du Mékong. Des rencontres ? Certainement. Mais aussi l’expérience de la solitude et l’introspection qui l’accompagne. Et d’être heureux, le soir venu, d’avoir « progressé d’un petit centimètre sur la carte en papier ».
Dans le cas d’Armel Vrac, la progression sur la carte était plus une affaire de millimètres. L’aventurier avait choisi de multiplier les difficultés : équiper son vélo de grosses roues, y attacher une pulka, et s’élancer sur le fleuve Amour en Extrême-Orient russe au cœur de l’hiver. Son chemin serait dès lors dicté par les aspérités du fleuve gelé, où embâcles et débâcles guideraient sa trajectoire.
Le vélo est parfois une affaire de trajectoire interrompue. Celle de Clément Martin qui dans sa jeunesse entreprit de traverser le Xinjiang fut contrariée par les militaires chinois qui veillaient déjà au grain. Ou bien une affaire de cœur : en guise de lune de miel, le Vendéen Thibault Clemenceau a proposé à sa femme de rallier le Vietnam à vélo. Elle a dit oui une deuxième fois. Il ne faut jamais refuser une promenade à vélo.