Description
Le voyageur dans le temps a besoin d’une truelle, d’un crayon, d’un cahier et, quand vient l’hiver, d’un pantalon épais pour s’agenouiller dans la terre glaise. Là, il creuse, il fouille, il exhume, il déchiffre, il interprète, il rêve. Il espère que ce petit morceau d’argile sigillée, ce reste de mur ou bien de fragment d’os lui ouvriront les portes d’un monde disparu. Balayer d’un regard l’histoire de l’humanité fait perdre la tête aux archéologues. Ils ont sans doute rêvé de découvrir Angkor ou le Machu Picchu, les pyramides aztèques ou des cités perdues du désert d’Arabie. C’est à eux que revient désormais la responsabilité de poursuivre ces enquêtes passionnantes.
Il y a quelques années, je me souviens d’un chantier de fouille pas vraiment spectaculaire. Cela se passait dans la cour intérieure d’un immeuble à Angers. Les archéologues y avaient découvert des sarcophages et ils espéraient mettre au jour la sépulture de celui qui fut le médecin du roi René. Ce n’est pas suffisant pour écrire le scénario d’un film d’aventures, mais j’admirais l’enthousiasme et la passion qu’ils transmettaient. Ils me renvoyaient à l’université, à ce cours d’archéologie du lundi soir dans un amphi aux trois-quarts vide et pas très bien éclairé. L’archéologue y parlait de carbone 14 et de dendrochronologie car la science accompagne les rêves d’exploration et de découverte.
Ces sentiments animent, depuis de nombreuses années, Yan Axel Gómez Coutouly. Chaque été, il part en Alaska parce que les petits bouts de pierre taillés disséminés dans le sol nous racontent un sacré voyage : la migration de peuples d’Asie vers l’Amérique du Nord par le détroit de Béring.
Et que dire des expéditions de Mehdi Tayoubi ? La connaissance et la technologie lui ont permis de scanner une pyramide du plateau de Gizeh. Ce qu’il a découvert paraît vertigineux : un couloir inconnu, surmonté de chevrons, qui mène au cœur de Khéops.
Le récit de Julie Baudin nous mène sur la piste de mystérieuses cités au Pérou, où vivait le peuple des nuages. Les ingrédients de son aventure composent une histoire fascinante : des momies, des cascades vertigineuses, la forêt vierge et le bain de l’Inca.
C’est un autre type de fouille archéologique qu’a mené Yves Bourgeois. Dans les réserves du musée de la Marine, il a ouvert un véritable coffre aux trésors. À l’intérieur, le traîneau de Charcot, des cornes de brume des terre-neuvas ou le scaphandre de Carmagnole, et tout un pan de l’histoire contemporaine de la France.
Même André Malraux s’est rêvé en Indiana Jones avant l’heure. La recherche de gloire, notamment, l’a mené à entreprendre une mission farfelue dans le désert du Rub al-Khali, à la recherche de la cité mythique de la reine de Saba. À l’époque, cela avait fait bien rigoler les historiens.
Pascal Mongne, lui, est un vrai archéologue. Il a consacré cinquante ans de sa vie à étudier les civilisations disparues en Orient ou en Amérique latine, à « faire le zouave » sur des ruines comme disent ses amis. Cinquante ans d’expéditions et d’aventures hautes en couleur qui entretiennent les fantasmes liés à ce métier qu’on embrasse comme un sacerdoce. D’ailleurs, cinquante ans plus tard, il se souvient précisément de l’instant où il a décidé de devenir archéologue. C’était un jeudi de novembre 1963, à l’école.
William Mauxion