À 19 ans, Boris Lattion entreprend un premier voyage qui allait durablement le marquer : un road-trip reliant Vancouver au Mexique et le Mexique à l’Alaska sans autre confort que celui offert par une minuscule Ford focus. Il lui faudra trois ans pour digérer tout ce qu’il y vécut et pour oublier l’inconfort des nuits assis à l’avant d’un véhicule trop étroit. Trois ans avant de repartir ailleurs : parcourir les kilomètres qui séparent les Alpes suisses d’Ürümqi au Xinjiang chinois. Une aventure aux horizons plus inquiétants, marqué par plus de profondeur.
En 2016, il traverse l’Amérique centrale avec sa femme : des cenotes azur du Yucatan jusqu’aux ruelles multicolores de Pereira en Colombie. Ils s’y installèrent pour travailler en tant qu’infirmière et paysan. Mais chaque chose ayant une fin, ils finirent par rentrer. C’est que pour Boris, tous les plaisirs, y compris ceux du voyage, sont éphémères. Sauf peut-être celui de voir grandir ses enfants.
Son expérience du voyage commence avec la question posée par une vague connaissance dans un train :
« Si tu devais voyager, où irais-tu ?
– En Sibérie et toi ?
– Au Cachemire, j’aimerais m’y rendre cette année. Tu viens ? ».
En acceptant, Ambroise ne se doutait pas de la robuste amitié qui naissait. C’était en 2011. Une année plus tard, un second joyeux gaillard pointe le bout de son nez en proposant de voyager vers l’Alaska et en évitant strictement tous les hôtels et les restaurants. Cette fois, Ambroise n’avait aucun doute quant à ce qui se tramait, l’acheminement d’une amitié qui survivrait à toutes les avanies. Ainsi, les voyages se sont succédé sous les auspices de dame Fortune. Tous ont été vaguement formulés. D’Ispahan à l’Artesonraju, de Makgadikgadi à Suvalki, la part belle a été laissée à l’imprévu et au hasard et à l’imprévu. À chaque fois, le projet se modifiait en cours de route, le trajet s’adaptait aux rencontres, aux envies ou aux caprices de la météo. Au fond du creuset, l’enthousiasme et la détermination parvenaient toujours à désagréger les contrariétés, la fatigue et les désillusions. Rien d’autre là-dessous que l’humaine condition.