Photographie de l'artiste-voyageur Juju

Juju

Quand Juju est sorti de l’école, il n’avait pas de métier défini et a dû enchaîner les missions d’intérim pour pouvoir payer le loyer. Mais il s’en accommodait, car il savait qu’il n’allait pas passer le reste de sa vie dans ces entrepôts sordides et autres usines perdues dans les zones d’activités lointaines. Sachant qu’il n’avait que quelques semaines, voire mois à tirer dans ces non-lieux. Ses journées passaient très lentement, mais au vu des tâches très répétitives et robotiques qui lui étaient confiées, il avait tout à loisir de penser à ses prochains roadtrip et destinations lointaines ou non. Il passait des heures le cerveau débranché à rêver de coucher de soleil dans le Finistère, à des pistes oubliées où s’égarer un moment. Il avait le compte à rebours dans la tête. Ainsi quand les jours s’agrandissaient et que le beau temps revenait, c’était bye-bye patron et bonjour voyage. Pas de responsabilités ni de projets d’avenir. Sa copine étant dans le même état d’esprit, ils ont tous deux sillonné la France, mis le cap sur la mer Noire, zoné en Bosnie, profité de ce qu’ils voulaient. Ça a duré quelques années à ce rythme, six mois de travail et six mois de vadrouille.
En 2014, ils voyagent un mois au Brésil : grosse tarte dans la tronche, explosion de sensations, de paysages, de gens… Jamais ils n’avaient eu tel choc en voyage. C’est décidé il faut y retourner. Pour financer un tel voyage, ils travaillent donc un an. Malgré le fait d’avoir le meilleur boulot et le mieux payé eu jusqu’à présent, le tout avec un patron super gentil, Juju ne veut pas se laisser enfermer dans cette vie en ville.
Un an en Amérique du Sud, à se défaire du superflu, revenir aux bases et découvrir de nombreux moyens de vivre plus simplement.
Le dessin est venu après, presque malgré lui. Il lui fallait conter toutes ces histoires à la famille et aux amis et c’était le meilleur moyen jusqu’ici.
Depuis, Juju continue de partager sa vie entre ici et là-bas, ailleurs et plus loin, à la recherche de quelque-chose qui n’existe que dans ses rêves, mais qui l’anime encore pour le moment et lui permet de se mettre en mouvement.
Maintenant, c’est presque le dessin qui le fait voyager. Régulièrement, il se surprend à réfléchir à aller dans tel ou tel coin car ceux-ci pourraient l’inspirer. Et si ça ne fonctionne pas, ce n’est pas grave, le chemin en vaut la peine.