On pourrait résumer le travail de Kares Le Roy par le mot “identité”. Identité, par le graphisme, celle qu’il a créée, façonnée et donnée à des artistes, des marques dans l’Industrie de la Musique ou de la Mode jusqu’à celle que les gens lui donnent et qu’il retranscrit à travers ses photos lors de ses voyages.
Dès septembre 2001, passionné de musique, il s’est consacré naturellement aux artistes. De la création de logos à la pochette de disques, des photos de presse aux photos de concerts, de labels indépendants aux maisons de disques. Au sein de l’univers musical ou celui de la mode, en freelance ou avec l’agence de création 555Lab, son travail fût de composer des images fortes à but commercial. Huit ans plus tard, il décide de faire une pause et se dirige vers des recherches plus authentiques.
Juillet 2009, Kares quitte ainsi Paris pour un projet personnel, plus humain mais avant tout identitaire : réaliser des portraits de visages oubliés. Son thème est de dégager la sensibilité des différences du genre humain dans leur cadre de vie. Un voyage de 2 ans hors des sentiers battus, qui le mène des tribus sédentaires du Sud-Est asiatique aux gitans du Cachemire et du Rajasthan. Plus qu’un voyage, une mise en perspective de la culture tibétaine avec le nomadisme d’Asie centrale ; un dialogue entre sâdhus et chamans ; une découverte spirituelle qui s’étend du Bouddhisme à l’Islam. Ce périple est aussi un regard qui se promène des montagnes du Népal aux steppes mongoles, qui emprunte la route de la soie pour contempler les splendeurs du Moyen-Orient. Des milliers de kilomètres entre Jakarta et Istanbul dans un seul but : collecter les traits et caractères des peuples méconnus d’Asie.
Ce travail de recherche se retrouve concentré dans son premier livre « 56 000 kilomètres – un continent et des hommes » (éditions Amu Darya) qu’il sort en septembre 2011. À l’opposé des formats de beauté imposés par l’Occident, il a essayé à travers cet ouvrage et ces photos d’en retranscrire un autre, peut-être moins sophistiqué, sûrement plus naturel. Le parti pris était de ne montrer que ceux dont on ne parle pas, ou pas assez, que l’on stigmatise ou que l’on oublie.
En juillet 2013, deux ans après son retour en France, le film « 56000km au cœur de l’Asie » amène une seconde vie aux images de Kares. Dans une vidéo de 6 minutes, on retrouve donc l’ensemble de ces peuples que l’on voit s’animer et danser sur une musique enivrante. Un grand bal des cultures qui sonne comme un éternel rappel de ce que l’humanité est en train de perdre au fur et à mesure qu’avance la mondialisation.