Maxime Aumon
Depuis une vingtaine d’années, en parallèle de sa profession d’architecte qu’il exerce à Paris, Maxime Aumon construit des structures légères et mobiles qu’il expérimente dans ses nombreux périples à travers l’Europe de l’Est et les grands espaces russes. Voyager avec ses machines lui permet d’établir un autre rapport aux êtres et aux choses, d’ouvrir des voies inattendues, d’inaugurer de nouveaux récits, de chercher une manière plus poétique d’habiter le monde. Son livre, Gravir la toundra, publié en 2022 aux éditions Elytis, raconte ainsi ses fugues d’adolescent dans son lit transformé en chariot, ses traversées du Luxembourg perché sur des échasses ou de la Bosnie en chevauchant un cheval de bois, sa vie cachée dans les marécages à bord d’un vaisseau de fer, ses étranges aventures poétiques et politiques en Ukraine et en Biélorussie avec un Bison magique, soi-disant capable d’envoûter les tyrans, jusqu’à son périple final à travers l’Oural polaire avec un avion sans ailes… Cette trajectoire, née d’abord d’un désir enfantin d’aventure, loin de s’épuiser dans les impératifs de la vie d’adulte ou les diverses mobilisations de la société, trouve au contraire une nouvelle légitimité devant les problématiques environnementales actuelles et la nécessité de réinventer nos modes de vie. Au fil des ans et des voyages, l’univers foutraque des premières explorations a laissé place à des inventions mobiles plus perfectionnées (chariots, traîneaux, radeaux…), un geste constructif plus précis et maîtrisé, sans toutefois jamais perdre de vue cette dimension poétique qui le motive.