Perrine Philippe
Dès ses dix-sept ans, Perrine Philippe a commencé à voyager. Voyager vraiment, j’entends. Prendre la route – les routes plutôt, sac à dos sur les épaules. Avant cela, rien ne l’y avait incitée, sa famille étant plutôt casanière. C’est né comme un pari avec une amie « Chiche, on fait un tour d’Europe avant nos 18 ans ? ». Chiche. Alors, elles sont parties pour leur premier voyage, à deux mineures. Bien sûr, elles ont dormi dans les gares, dans les couloirs des trains, au mieux sur une banquette ou de temps à autre dans un dortoir, mangé des boîtes de conserve, dormi dans un commissariat à la frontière entre la Hongrie et la Roumanie, perdu des papiers, rebroussé chemin, changé de plans… Mais malgré cela, ce fut le coup de foudre, il fallait qu’elle reparte le plus vite possible !
Perrine Philippe a attendu l’été suivant pour repartir, tout de même déterminée à commencer ses études d’architecture à Paris. Elle a saisi l’opportunité d’un stage pour partir au Maroc seule trois semaines observer le travail d’artisans du zellige et de la poterie, puis a cueilli quelques abricots pour aller en Inde un mois. Ces deux expériences ont encré encore un peu plus de désir de repartir.
Cette fois, elle n’a pas su attendre un an et s’est éclipsée une dizaine de jours en période scolaire en Turquie, retrouver sa complice du premier voyage. L’été suivant, elle a réalisé un stage chez des architectes urbanistes spécialisés dans les zones informelles (favelas) à Rio de Janeiro, Brésil, puis a profité de l’occasion pour voyager un peu au Brésil et en Bolivie. Une expérience un peu plus longue et puis profonde, car elle a eu l’occasion de commencer l’apprentissage du portugais, de bien connaître Rio de Janeiro, ses favelas et leur ambiance de samba-football-churrasco (barbecue), ses plages, mais aussi ses problèmes de circulation et ses grosses averses. Elle a passé les six premiers mois de cette année universitaire à Porto, au Portugal, en Erasmus. Elle y a découvert l’immense plaisir de vivre à l’étranger. Complètement différent du voyage pour le voyage, mais tout aussi addictif…
Tous ces voyages sont un immense enseignement, comme l’écrivait Alvaro Siza, « Le meilleur apprentissage pour un architecte, c’est de voyager, de voir des choses directement » (Dominique Machabert et Laurent Beaudouin, Une question de Mesure : Entretiens avec Alvaro Siza, 2008, Le Moniteur, Paris). Ils façonnent sa culture de l’espace, l’ouvrent à d’autres conceptions de l’architecture et de la ville. Bref, le voyage est une merveille.