Yann Datessen
Né en 1977 à Saint-Étienne, Yann Datessen vit et travaille à Paris depuis vingt ans. Sans diplôme ni formation formelle, il enchaîne des petits emplois de manutention jusqu’à la trentaine. Dévoré depuis l’enfance par la nécessité de faire des images, il produit dessins, peintures, photos et vidéos pendant longtemps dans son coin. C’est en autodidacte qu’il apprend le métier de photographe, ne dévoilant ses séries que récemment. Hasard ou ruse de la vie, en 2012, l’université Paris-Sorbonne le sollicite pour diriger un atelier photographique destiné à ses étudiants. Il en profite pour lancer Cleptafire, un média en ligne consacré à la photographie émergente. Ainsi, depuis une dizaine d’années, il partage son temps entre création, curation et enseignement, intervenant à Paris 1, Paris 3, Paris 4 et Sciences Po Paris.
Plutôt plasticienne, sa pratique s’oriente vers des réflexions liées au format de l’image et tente de développer une grammaire centrée sur le polyptique et ce que l’association d’images permet comme nouvelles formes. Se sentant proche de la démarche Land-Artist, Yann Datessen élabore également la plupart de ses projets avec l’ambition de les présenter en extérieur et de façon éphémère. Ainsi en 2015, il installe sa série « le Léthé » tout le long du canal de l’Ourcq à Paris, les images sur les écluses, les ponts, les berges.
En 2020, Yann Datessen relie artisanalement sa série « L’Achéron » à 100 exemplaires, des livres étanchéifiés qu’il jette dans les plus grands fleuves européens, laissant le courant les engloutir ou les échouer au gré des rives et des rencontres. Parallèlement à ces expériences plastiques, il réalise des documentaires abordant différentes figures de la marginalité. En 2014, par exemple, il passe cinq mois à Christiania, une ville libre à Copenhague, où il dresse le portrait de sa communauté libertaire. De 2016 à 2020, il entreprend un voyage sur les traces d’Arthur Rimbaud à travers le monde.